Vague à l’âme
– La Clairière – 2007 –
Pour commencer, ce premier album se présente sous la forme d’un double-vinyle. Le design de la pochette est l’œuvre de l’artiste Cédric Tanguy. Celui-ci a su mettre en valeur l’univers exotique, onirique et légèrement gothique de Lapinu.
En second lieu, Lapinu a entièrement conçu le contenu de cet album avec ses pattes velues et ses grandes oreilles. Cependant, notons l’intervention d’ Olivier Bardoul, Poète et auteur. Il a prêté sa plume sur certains tires. Dans le registre musical, Diane Nicolle, pianiste au conservatoire de Nantes, a composé le thème de La Mélodie du Bonheur : Chanson exotique dans l’esprit de Martin Denny. De surcroit, saluons particulièrement les prestations d’Eric Libman. Trompettiste sur Danse Macabre et Nuage noir. Et de Dany Branchereau à la guitare sur La Mélodie du Bonheur.
Album aux accents exotica, Vague à l’Âme navigue entre différents styles (pop psyché, dub, triphop, techno, ethio, jazz…). Aussi, Ce qui pourrait ressembler à un gloubi-boulga sonore est toutefois unifié par un style propre à la voix et aux chansons de Lapinu !
Certes, ce premier opus est parfois un peu brouillon et teinté d’imperfections. il n’en recèle pas moins quelques perles que son auteur ne regrette pas d’avoir mis au jour. Ainsi, Danse Macabre est une ballade sombre aux accents jazzy déjantés, qui semble tout droit sortie d’un cabaret déglingo jouxtant un hôpital psychiatrique. Le solo de trompette d’Eric Libman ajoute à l’ensemble une chaleur moite et enivrante digne d’un tripot d’Europe de l’est.
La mélodie du bonheur dont les marimbas évoquent les belles heures de l’exotica d’un Martin Denny ou d’un Arthur Lyman, est chaloupée par la voix de crooner de Lapinu. De sorte que cette chanson n’est pas sans évoquer Henry Salvador, représentant de l’exotica song à la française !
Entre autre morceau de bravoure, Nuage noir est le point d’orgue de cet album. Sans être une imitation du style Ethio Jazz, il s’en inspire fortement sans le galvauder. Ainsi, Nuage noir ressemble à une chanson de Mahmoud Ahmed joué par des fans du Velvet underground dans un garage d’Argenteuil. Là encore, Eric Libman nous livre un solo de trompette qui transporte le morceau aux confins du jazz progressif et de la pop psychédélique !
Autre bizarrerie de cet opus : Péché Divin. Le titre démarre comme une bluette romantique ressemblant vaguement à Wonderful, Wonderful Day. Chanson tirée du film Seven Brides for Seven Brothers de 1954. Puis brusquement, le morceau se pare de puissantes basses accompagnées de soupires langoureux pour finir dans un orgasme musical electro-techno !
Lapinu salut également la poésie d’ Olivier Bardoul, auteur et poète nantais. Celui-ci a confié aux bons soins de Lapinu la tâche de mettre en musique quelques uns de ces vers. Ceux spécialement sélectionné pour son copain-lapin .
Ainsi le poème tourmenté Vague est une introspection expiatoire. Scandée comme de la poésie des années 70 sur du rock progressif. Ou déclamé comme un » slam » des années 2000 sur un sample hypnotique. l’Anonymal est une chanson pop urbaine à la syntaxe et au vocabulaire complexe. D’aucuns en on conclu à son écoute : « ça existe ça comme chanson ? ».
En ce qui concerne Les Hautes herbes. C‘est une ballade ouatée sur un sample des seventies. C’est aussi un rêve anachronique et coloré. Doux comme une chanson de Nino Ferrer qu’on aurait oubliée. Enfin, Anticyclone : poème épique et déchiré d’une rupture sous pluie. Ce texte offre à la voix grave de Lapinu ces vers magnifiques : « Il pleut, il pleut des cordes, des cordes. Tout au plus un désaccord sous l’anticyclone des Açores ».