Après la sortie de son premier album Vague à l’Âme en décembre 2007, Lapinu est contacté par Verne Langdon, à qui il avait adressé une courte missive qui disait à peu près ceci :
» I hope you will like my album even if I’m just a little rabbit in front of a giant ! «
ONCE UPON A TIME
VERNE LANGDON
a tribute by LAPINU & Friends
DEJA VU RECORD COMPANY – 2021 –
VERNE LANGDON : auteur, compositeur, interprète, est né en 1941 d’un père dentiste prothésiste et d’une mère violoncelliste. Neveu du trompettiste de jazz Red Nichols, il se passionne très tôt pour la musique. Musicien autodidacte, il se perfectionne à l’adolescence auprès de Thomas Ryan, pianiste classique du conservatoire de San Jose. C’est en jouant de l’orgue dans la rue qu’il rencontre l’organiste de génie Korla Pandit, connu comme « The Godfather of Exotica », honoré par Tim Burton dans son film Ed Wood en 1994. Verne deviens son disciple et son dernier producteur en sortant deux albums posthumes
en 1999 et en 2007.
Outre une discographie abondante et hétéroclite, Verne Langdon fut également D.J, créateur de masques, maquilleur et créateur d’attractions pour Universal Studios. Egalement clown, catcheur, magicien, et producteur au sein des labels ELECTRIC LEMON et DEJAVU !
Entre 2008 et 2011, Lapinu entretient une relation épistolaire avec Verne Langdon devenu son mentor et même son coach ! Après quoi, leur collaboration est scellée par la première reprise d’un titre du Magicien par le Lapin : Carnival of Souls devenu Le Carnaval des Âmes .
Dans cet esprit, cet album hommage est un panorama non exhaustif de la vie de Verne Langdon représenté par ses œuvres et son univers …
En premier lieu, Opening nous plonge dans sa jeunesse. Encore adolescent, Verne joue de l’orgue en direct sur les ondes californiennes. Ainsi porté par du brouillage radiophonique, vient le langoureux Once upon a very special time . Chanson tardive dans l’œuvre de Verne, elle est ici présentée sous sa forme instrumentale. Simplement scandée de respirations. Pour ainsi dire, le souffle d’un homme âgé qui se remémore son existence. Et ce grâce à une mélodie évoquant les années soixante-dix…
1973 précisément, l’année de la création de Carnival of Souls sous sa forme originale : Theatre Organ & Calliope. Titre le plus célèbre de Verne Langdon, on le retrouve notamment sur la bande son de la série American Horror Story (saison 4 – Freak Show – 2014). Adapté en chanson par Verne à l’automne de sa vie, on peut l’écouter sur Out Of Love. Cet album de crooner désabusé est sorti en 2004.
En 2008, LAPINU traduit et adapte la chanson en français. Verne déclarera:
« …I am STILL listening to LE CARNAVAL DES ÂMES ! I LOVE it ! It sounds like the song was written to be performed in French! Over the years people have told me my music « sounded » French, which I always took as an enormous compliment. I’ve always loved the language and the Artists. I think it comes from my childhood. My Mother was best friends with Rochelle and Armand D’Guirre, who were from Paris. They spoke in the accent of course, and I found their broken English charming. When they spoke to each other in French, I became overwhelmed with the beauty of the Language. It was thrilling to me, and translation of my words is now again thrilling ! I can almost smell Rochelle’s French parfume when I listen to you singing my song… »
Dans Carnival of Souls Collection sorti en 2006, Verne décline le titre sous différentes versions ( Harpsichord, music box, symphonique etc … ). Ce qui souligne davantage l’aspect éminemment cinématographique de sa musique. De même, on retrouve l’esprit du cinéma fantastique dans une autre pièce majeur : THE ZOMBIE SUITE.
Écrite en 1974, cette suite apparaît dans l’album Music for Zombies dont la pochette arbore le célèbre masque de Zombie créé par Verne.
Certes, la version de Lapinu et ses amis ne cherche pas à rivaliser avec l’originale admirablement orchestrée. Elle en offre juste un nouvel éclairage tout en respectant les fondamentaux des musiques de films d’horreur. Ainsi, L’orchestre symphonique y est donc remplacé par les arrangements électroniques très inventifs d’Ølaf, sound designer de l’album.
Plus précisément, la première partie est une ouverture sombre mettant en avant l’extrême mélancolie du thème. Cela sur fond de bruitages de monstres et human beat-box. Comme dans un film, nous entrons dans la seconde partie par une porte grinçante. Puis nous cheminons dans une féerie macabre et burlesque peuplée d’elfes, de farfadets et autres spectres. Pour conclure, ceux ci nous entraînent vers la troisième partie : une adaptation Surf rock du thème. Ce qui transmute la mélancolie vers une insouciante euphorie.
Borklesque Toccata & Fugue fait référence au truculent personnage créé par Verne Langdon : John Sebastian Bork !
Sous un costume extravagant et un maquillage nécessitant deux heures de préparation, Verne incarne ce personnage de la fin des années 70 au début des années 80. Certes, les albums de Bork sont largement axés sur le Ragtime. Toutefois, ils sont également truffés de références diverses à la musique classique, au cinéma et à la culture populaire. Chansons comiques, parodies musicales ou sketches surréalistes, tel est l’univers burlesque de J.S Bork : Le Marquis de Sade of Music !
Ainsi, notre Borklesque Toccata & Fugue est une adaptation du célèbre titre de J.S Bach tel que J.S Bork aurait pu l’imaginer.
C’est une façon amusante d’évoquer la passion de Verne pour la grande musique tout en introduisant le morceau suivant : Golden Years . Cette chanson est issue de l’album de J.S Bork Musical Menopause sorti sur le label Electric Lemon en 1978.
Mentionnons que les paroles de David B.Roberts racontent les exploits d’un homme d’un certain âge focalisé sur les plaisirs charnels. Par conséquent, c’est une chanson polissonne sur fond de Ragtime revisité. Notons la présence du Maestro en personne qui grâce à la technologie du 21ème siècle chante en duo avec son rejeton français.
Après cela, Tag-a-Long raconte l’histoire d’un enfant suivi par un chien errant. Exhumé des partitions de Verne Langdon, Tag-a-Long ne semble pas avoir été enregistré par son auteur. Du fait que la chanson ne figure sur aucun album de Verne. Quoi qu’il en soit, les paroles semblent être un souvenir de son enfance. Lapinu présente ici une version instrumentale simplement ponctuée d’aboiements, la mélodie étant suffisamment évocatrice.
Avec Rêves de Carrousel nous plongeons dans l’enfance de Verne. Bercé par l’orgue mécanique, il restait fasciné par le carrousel de Santa Monica. Le morceau originale Carousel Dreams est un instrumental présent sur l’album Circus Clown Calliope ! de 1973 ( Notons que sur la page Youtube de cet album, il y a interversion de noms entre Carousel Dreams et Ginger snaps!). Plus tard, Verne l’adaptera en chanson. Elle est présente sur son album Love is All ainsi que sur l’album Lately ! de Jaye P. Morgan, sorti en 2005 par Dejavu Record Company .
Pour l’adaptation française, Verne propose à Lapinu de s’approprier la chanson en remplaçant la jetée de Santa Monica par un endroit de France qui pourrait en être l’équivalent. Aussi, c’est tout naturellement que Lapinu, originaire d’Armorica, pensa à La Côte d’Amour où fut tourné le clip vidéo en été 2008.
Tant et si bien que cet album aurait pu se terminer ainsi : en contemplant le coucher de soleil sur l’océan, bercé par le ressac des vagues et les cris des enfants jouant au loin …
. Puis surgit des limbes Juste un Souvenir, adaptation française de Just a Memory. Chanson de 1974, composé par Verne sur un texte de son ami Milt Larsen, auteur et magicien, créateur du fameux Hollywood Magic Castle ( où Lapinu se produit en concert privé en décembre 2013 ! ). Le titre apparaît sur l’album Love is All de 2007 dans une version Slow Folk arrangé par Skip Edwards, arrangeur des albums de Verne des années 2000. Dans le présent ouvrage, Juste un souvenir est une adaptation Bossa Nova, douce et légère comme une brise.
Avant de refermer cet album par la lourde porte grinçante du Closing, remercions ici les artisans de cet hommage « à la française » au grand artiste que fut Verne Langdon.
Saluons en premier lieu l’organiste Michel Pardeshi, également compositeur de nombreux morceaux de Lapinu. Il a tenu l’orgue surOpening et Closing, ainsi que sur Le Carnaval des Âmes etRêves de Carrousel. Il a également interprété le célèbre morceau de J.S Bach malmené dans Borklesque Toccata & Fugue .
Once upon a very special time , The Zombie Suite , Golden Years , Tag-a-Long et Juste un Souvenir ont été interprétés par Gina Lebedeff aux claviers et Brock Branan à la Guitare. Travaillant à distance et sur la base du recueil de partitions de Verne Langdon, les deux musiciens ont choisi les titres au feeling. Parfois sans connaître les versions originales. Aussi, les parties claviers enregistrées en midi par Gina ont permis des arrangements riches et variés. Inversement, la guitare de Brock a apporté la touche acoustique indispensable pour redonner vie à l’univers de Verne.
Après quoi, Lapinu recevait les pistes par mail et reconstituait le tout comme un puzzle. Dans ces conditions, le produit final n’aurait pas pu exister sans la touche magique d’Ølaf, sound-designer et arrangeur de génie, officiant au sein du studio Djenies-Djembé de Guemené-Penfao dans le pays de la Mée.
Ølaf a su mettre en valeur le travail des musiciens grâce à ses arrangements rythmiques audacieux et raffinés. Il a su trouver les bonnes sonorités convenant aux différentes ambiances de l’album tout en respectant l’esprit à la fois tendre et romantique, burlesque et macabre de l’œuvre de Verne Langdon.